Polycor : la pierre naturelle au service d’une transition constructive

À Saint-Maximin, dans l’Oise, une entreprise s’illustre par son savoir-faire, ses ambitions industrielles et son engagement écologique. Polycor, groupe canadien spécialisé dans la pierre naturelle, a récemment investi dans une nouvelle usine. Un projet stratégique, qui conjugue innovation, patrimoine et développement durable.

Un leader discret mais déterminé de la pierre calcaire

Implanté en France depuis 2018 avec le rachat progressif de plusieurs carrières, le groupe Polycor s’impose comme un acteur de premier plan de la pierre naturelle calcaire en France. Avec plus de 30 carrières, dont une douzaine actuellement en activité, l’entreprise déploie ses compétences entre la Bourgogne, l’Ouest de la France et surtout le bassin historique de Saint-Maximin, dans l’Oise, réputé pour ses pierres utilisées dans les bâtiments haussmanniens et les monuments emblématiques comme Notre-Dame de Paris.

À la tête de Polycor France, Paul-Evan Bonneau coordonne depuis 2023 une phase de développement ambitieuse : « Nous avons investi dans une nouvelle usine à Saint-Maximin pour répondre à la demande croissante de construction en pierre massive, un marché en plein essor porté par des critères esthétiques mais aussi environnementaux. »

Une nouvelle usine pensée pour demain

Inaugurée en mars 2025, la nouvelle usine de Saint-Maximin marque un tournant. Avec ses 5000 m² de surface et des équipements à commande numérique, elle multiplie par cinq la capacité de production de l’ancien site. Mais au-delà de la performance, c’est surtout sa sobriété environnementale qui impressionne.

L’usine fonctionne en circuit fermé pour l’eau, qui est récupérée, traitée et réinjectée, réduisant sa consommation à presque zéro. Quant à l’énergie, la toiture a été conçue pour accueillir des panneaux solaires à moyen terme, et les machines les plus énergivores tournent de nuit en heures creuses. Une démarche volontaire, conforme aux engagements bas carbones du groupe. La pierre naturelle affiche une empreinte carbone jusqu’à 75 % inférieure à celle du béton traditionnel, même si l’on peut souligner les efforts récents de la filière béton vers des solutions plus vertes.

Mieux valoriser la matière, sans rien gaspiller

Chez Polycor, rien ne se perd ! Selon leur qualité, les blocs extraits peuvent être transformés en éléments de construction, en produits décoratifs ou en matériaux techniques. Les co-produits, issus des découpes ou de blocs présentant des défauts structurels naturels, sont concassés pour les travaux publics ou revalorisés via des produits comme les moellons ou encore les plaquettes Vexin.

Parmi les innovations produit évoquées par l’équipe figure Better Brick, une brique en pierre naturelle. Si la forme n’est pas nouvelle, son matériau l’est : la brique en pierre naturelle reste très récente sur le marché, et Polycor fait partie, avec quelques entreprises en Angleterre, des précurseurs de cette typologie de produit.

Objectif : tendre vers le zéro déchet :

« L’idée, c’est d’avoir une perte finale de zéro : 100 % de ce qui est extrait doit être utilisé, de la roche ornementale jusqu’aux granulats pour les travaux publics.», souligne Paul-Evan Bonneau.

Un matériau du passé… pour construire l’avenir

 

Alors que l’industrie du bâtiment repense ses pratiques, Polycor s’inscrit dans un mouvement de fond : le retour de la pierre massive, matériau ancestral, autoporteur, durable, et désormais compétitif face au béton.

Ce retour s’appuie à la fois sur ses qualités esthétiques, qui rappellent les constructions haussmanniennes, et sur ses performances environnementales, la pierre étant un matériau bas carbone par nature.

On peut également souligner la démarche d’accompagnement par Polycor des architectes en amont de la production, avec l’apport d’une expertise technique sur les propriétés naturelles de la pierre, permettant de définir au mieux les contours de projets architecturaux.

Parmi les réalisations emblématiques faites en pierre du bassin de Saint-Maximin figurent l’Hôtel de la Marine, la Poste du Louvre ou encore l’Université de Chicago à Paris. Selon les projets, d’autres variétés issues du même bassin, comme les pierres de Sébastopol ou de Saint-Leu, peuvent également être utilisées.

Ces projets illustrent la diversité des usages possibles pour les pierres locales, qu’il s’agisse de patrimoine ou de constructions contemporaines.

 

Maisons Richard Lenoir, Paris (75), façades en pierre de Sébastopol et Buxy Bayadères, architecte Vincent Eschalier

Cathédrale Notre Dame de Paris, MH, Sculptures et Bas-reliefs, pierre de Saint-Maximin

Polycor en chiffres

  • 4 carrières actives autour de Saint-Maximin
  • 5000 m² de surface pour la nouvelle usine
  • Capacité de transformation de la nouvelle usine : jusqu’à 15 000 m³ de blocs marchands/an
  • Capacité de production de dallage et revêtement : jusqu’à 20 000 m²/an
  • 0 % d’eau perdue grâce à un circuit fermé
  • Jusqu’à 75 % de réduction d’empreinte carbone par rapport au béton traditionnel

Une PME ancrée dans son territoire

 

Avec 35 collaborateurs sur site et une cinquantaine d’emplois directs et indirects liés à l’exploitation des carrières, Polycor France contribue activement à l’économie locale. L’entreprise a également choisi d’installer son siège national à Saint-Maximin, dans des bureaux attenants à la nouvelle usine.

Accompagnée par HDFID, la Région Hauts-de-France et la Communauté d’agglomération Creil Sud Oise, Polycor cherche à s’ancrer durablement sur le territoire, en lien étroit avec les autorités locales.

Ce choix d’implantation s’inscrit dans une logique de proximité entre les sites d’extraction, de transformation et de commercialisation, avec une grande partie de la production destinée au marché francilien. «À plus de 90 %, on est sur du local», souligne Paul-Evan Bonneau. Ce modèle court renforce la cohérence écologique et territoriale du projet industriel.

 

Imaginer la pierre du futur : vers une révolution technologique?

Alors que Polycor a déjà franchi une étape importante avec l’intégration de machines à commande numérique dans ses processus de production, d’autres pistes de transformation sont envisagées à plus long terme.

Lorsqu’on leur demande ce qui pourrait véritablement transformer leur métier, la réponse est claire : la découpe intelligente, et pouvoir un jour découper directement en carrière des éléments proches du produit fini, sans passer par l’usine.

Un changement difficile à mettre en œuvre aujourd’hui mais qui pourrait, selon lui, réduire encore davantage les étapes de transformation.

« Ce serait intéressant d’extraire en carrière quelque chose de beaucoup plus proche du produit final pour avoir moins de transformation à faire par la suite. »

 

Paul-Evan Bonneau | Directeur Général – Polycor France

Pour cela, il faudrait détecter en amont les caractéristiques internes de la pierre, comme les fractures ou autres zones dures, qui peuvent générer des pertes lors de la découpe. Aujourd’hui, cette analyse repose encore sur le regard des géologues et des tests en usine. Mais des travaux sont déjà en cours pour aller plus loin.

« Au Canada, il y a des études sur l’intelligence artificielle : la tranche passe sous un scanner, qui identifie les défauts visuellement, apprend du grain, du coloris, et donne à l’opérateur des informations de plus en plus précises. »

Une telle technologie, encore à l’état de recherche, pourrait permettre une lecture automatisée et anticipée de chaque bloc de pierre, ouvrant la voie à une production plus précise et plus efficace.

Polycor, un acteur clé pour une construction durable et innovante

Polycor incarne une vision moderne et responsable de la pierre naturelle, alliant savoir-faire traditionnel et innovations technologiques pour répondre aux défis actuels du secteur de la construction. En investissant dans une usine performante et écoresponsable à Saint-Maximin, l’entreprise affirme son engagement pour une transition constructive durable. Grâce à une gestion optimisée des ressources, un ancrage territorial fort et des projets tournés vers l’avenir, Polycor prouve que la pierre naturelle, matériau d’hier, est pleinement capable de répondre aux exigences du bâtiment de demain.

 

 

 

“Polycor France a repris ROCAMAT afin de moderniser ses moyens de production et de lui faire faire un gain environnemental significatif. Elle a bénéficié d’une aide à l’investissement et de l’accompagnement de PROCH’EMPLOI. Loin d’en rester là, elle envisage d’ores et déjà des innovations qui la rendront encore plus performante et vertueuse pour l’environnement.”

Joël Delmotte Chargé de projets territorial | HDFID

Une interview de Léticia Marcelin-Gabriel | Chargée de projets territorial
Un article de Laurédanna Cocco | Chargée de communication 360°
Dir. Entreprises et Réseaux – HDFID

© Photos : Polycor

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