HIGH TIME FOR LOWTECH –
Et si moins, c’était mieux ?

Le 18 juin, alors que le reste du monde s’agitait, on a choisi de ralentir. Pas pour décrocher. Pour écouter. Marcher. Imaginer autrement. Au Parc Mosaïc, dans un écosystème où les plantes poussent sans pitch deck et les oiseaux pivotent sans roadmap… une vingtaine de porteurs de projets issus des incubateurs labellisés des Hauts-de-France ont vécu une échappée hors du temps. Une masterclass à contre-courant : HIGH TIME FOR LOWTECH.

Temps long, Rocketstove, pois chiche et cas concrets

La journée a commencé les pieds dans l’herbe et la tête dans les milliards d’années.
Laurent Motte nous a guidés dans une marche des temps profonds, une traversée du temps géologique à l’échelle du pas.  Résultat ? Une claque existentielle douce : nous sommes minuscules, récents, et pourtant responsables. De beaucoup.

Puis est venu le temps de faire. Jacques Tiberi nous a initiés à l’univers low-tech : des technologies simples, utiles, réparables, souvent locales.

Pas un retour en arrière. Un pas de côté.

Dans son atelier, les capsules de café sont restées au placard. À la place ? Du pois chiche torréfié, de la lentille infusée. De quoi raviver nos sens et re-questionner nos besoins.

Enfin, Alan Fustec a partagé des cas d’usage concrets, là où la low-tech s’invite dans l’entreprise : systèmes de refroidissement sans climatisation, procédés industriels simplifiés, équipements conçus pour durer plutôt que pour être remplacés.

Mais il ne s’est pas contenté d’exemples inspirants. Il a aussi esquissé une grille de lecture fine et opérationnelle : une manière d’interroger les usages, les impacts, la soutenabilité, l’ancrage territorial… En somme, sept critères pour faire entrer la low-tech dans l’entreprise sans naïveté, ni renoncement, mais avec méthode, cohérence et ambition.

Rien d’utopique : juste du bon sens… chiffré, mesuré, rentable.

Low-tech : définition vivante et ouverte

On résume souvent la low-tech à un bricolage sympa ou à des objets sans plastique. C’est un peu plus subtil. La low-tech, c’est avant tout une philosophie de conception, qui interroge les finalités avant les moyens.

Elle se fonde sur trois critères principaux (Low-tech Lab) :

#Utile – répondre à un besoin réel, pas artificiel

#Accessible – simple à comprendre, utiliser, réparer

#Durable – sobre en ressources, pensée pour durer

Autrement dit : moins de sophistication, plus de robustesse. Moins d’effet waouh, plus d’impact réel. Comme le disait Léonard de Vinci, ce vieux sage un peu avant-gardiste : « La simplicité est la sophistication suprême. »

Low-tech & start-up : pas incompatibles, au contraire

Ce n’est pas un manifeste contre la high-tech.

La low-tech ne dit pas : “la tech, c’est mal”. Elle dit : “réfléchissons à la manière dont on mobilise la technologie”.

Et si on concevait des solutions high-tech… avec une logique low-tech ?

Pistes d’inspiration Low-tech pour les start-ups qui veulent faire mieux avec moins :

🧰 Prototyper malin : un MVP frugal, réparable, modulaire — pas un gadget jetable mais une base évolutive, pensée pour durer.

🧭 Commencer par ici : ancrer l’usage local avant de rêver de scalabilité mondiale. D’abord utile aux voisins, ensuite au monde.

🔓 Ouvrir les plans : miser sur l’open source, l’éco-conception et l’économie de la fonctionnalité. Partager, optimiser, transmettre.

🌍 S’ancrer dans les communs : construire avec le territoire, pas contre lui. Fuir la fuite en avant. Fabriquer des solutions qui tiennent debout — et tiennent ensemble.

Une journée, des graines

En tant qu’organisateurs (avec mes collègues Joël S. et Victoria), nous avons voulu semer des graines. Pas un modèle. Un écho.

Les participant·es ont marché, pensé, testé, discuté. Certains repartiront peut-être avec une autre vision de leur projet. Ou au moins une question de plus que la veille. C’est déjà ça.

On ne changera pas le monde en un atelier.

Mais on peut, ensemble, faire dérailler doucement les rails de l’évidence. Et ça commence parfois par une marche dans un jardin, un pois chiche torréfié et une idée qui fermente.

Pour cet été, voici un kit de survie low-tech à glisser dans votre sac à dos de vacances : 

 📚 Plongez dans L’Âge des low tech de Philippe Bihouix, un manifeste rageur et lucide pour une civilisation techniquement soutenable — idéal pour les longues soirées d’été, quand les cigales chantent et que le Wi-Fi décroche.

🎬 Prenez le temps de visionner Low-Tech, le film de Bellay, une ode visuelle à la sobriété inventive. Parfait pour vos après-midis caniculaires, histoire de vous rafraîchir le cerveau plutôt que la pièce.

🛠️ Testez quelques tutos low-tech sur le site du LowtechLab : fabriquer une rocket stove, un refroidisseur passif, ou même un filtre à eau maison… De quoi se mettre les mains dans la terre sans culpabilité numérique.

🌱 Explorez les conférences inspirantes de Corentin de Chatelperron, aventurier des solutions sobres et réparables, ou partez en escapade à ECOLAND, l’écolieu expérimental piloté par Thomas Brembor, à deux pas du Parc Mosaïc.

📖 Pour une lecture plus accessible mais tout aussi riche d’ingéniosité, découvrez L’innovation Jugaad de Navi Radjou et al., qui raconte comment redevenir ingénieux face aux défis du monde.

📰 Consultez aussi le Low-tech Journal – une vitrine vivante d’initiatives et de solutions concrètes : unshowroom sans greenwashing, où l’ingéniosité frugale se donne à voir sans bruit ni paillettes. 👉lowtechjournal.fr

Et pourquoi ne pas en profiter pour entamer un projet Low-tech cet été ? Un défi personnel, un bricolage collectif, une idée frugale à faire pousser dans votre quartier ou au boulot. Parce que la révolution douce passe aussi par des gestes simples, humbles, qui s’inventent loin de la frénésie de nos écrans.

Un article de David Coasne | Chargé de mission entrepreneuriat & innovation
Dir. Entreprises et Réseaux
– HDFID

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