Qui est à l’œuvre derrière FABLA et THE FAIRY ?
Je suis Filipe Vilas-Boas, artiste, designer d’interaction et président de The Fairy, un studio d’innovation sociale et culturelle qui mêle intelligence collective et artificielle. À bien y regarder, notez d’ailleurs que l’IA est une forme d’intelligence collective puisque ses fondations reposent toujours sur une base de données collectivement générée. Après plus de vingt ans passés entre publicité, design d’interaction et projets artistiques, j’ai cofondé The Fairy avec Benjamin Dallard, un ami d’enfance, ingénieur INSA spécialisé en intelligence artificielle et maître de conférence à CentraleSupélec. Nous sommes entourés d’une équipe d’ingénieurs, de designers, de pédagogues mais aussi de musiciens, de gamers, de producteurs et de scénographes. Avant de créer The Fairy, on a aussi tous les deux fondé une association d’éducation populaire. Benjamin avait transmis son savoir un certain nombre d’années au sein de Planète Sciences avant d’enseigner à Simplon et dans une foultitude d’écoles ; et pour ma part, j’ai toujours traduit bon nombre de mes œuvres en ateliers. On voulait à l’époque déjà combiner nos savoir-faire et nos pédagogies.
The Fairy est né d’une envie commune d’utiliser l’intelligence artificielle comme un outil de transmission culturelle, d’éducation ou de formation professionnelle, selon le contexte. Et plus généralement, de mettre nos compétences techniques et artistiques au service de projets à impact social et culturel.
Notre studio s’est d’abord concentré sur le développement d’un moteur et d’un véhicule pour renforcer l’alphabétisation des enfants, la lecture et la médiation culturelle au sens large pour améliorer la découvrabilité des œuvres françaises.
De cette conviction est né FABLA : une application de lecture augmentée qui transforme les dessins d’enfants en histoires audio et textuelles… avant de leur recommander de vrais livres disponibles dans leur bibliothèque ou leur librairie de quartier. Aujourd’hui, le service est encore payant, mais nous visons à terme la gratuité pour les utilisateurs finaux, comme un service public numérique. Nous profitons de notre résidence en cours au Louvre Lens Vallée pour commencer à tisser des partenariats avec les collectivités des Hauts-de-France et finaliser notre service, main dans la main avec le service public.
FABLA en un coup d’œil : la mission qui change tout
FABLA, c’est de la pâte à modeler narrative qui donne envie de lire et d’écrire, y compris aux enfants un peu fâchés avec l’école. Sa mission est de relier la créativité enfantine au patrimoine et à la culture française grâce à une IA souveraine, explicable et contrôlable.
Chaque dessin devient une histoire personnalisée, puis un pont vers des œuvres humaines : contes, livres illustrés, poésie, auteurs francophones… Cette logique de double découvrabilité – du dessin vers l’histoire générée, puis de l’histoire vers les livres – est totalement unique.
Là où la majorité des outils numériques pour enfants privilégient la consommation passive ou des scénarios pré-écrits, FABLA fait l’inverse : l’enfant crée d’abord, l’IA interprète, valorise, accompagne ; le récit généré renvoie vers des livres réels, accessibles immédiatement en bibliothèque. Nous implémenterons cette dernière partie l’année prochaine, avec nous l’espérons, le soutien de la région Hauts-de-France – nous y travaillons – qui nous sert de laboratoire et de rampe de lancement nationale.
FABLA ne remplace ni les médiateurs, ni les œuvres humaines : il les met en lumière. C’est aujourd’hui la seule solution qui articule IA + créativité + lecture + bibliothèques + souveraineté culturelle.
Les chiffres qui montrent que FABLA passe à la vitesse supérieure
Nos deux années de R&D avant la création du studio ont posé une base solide :
- 950 000 € d’investissement entre 2023 et 2025 pour le moteur IA et les prototypes ;
- 320 000 € de chiffre d’affaires prévisionnel 2025, dont 270 000 € déjà sécurisés ;
- une équipe opérationnelle en IA production et en product design de 5 associés + un réseau d’expert·es (pédagogie, design, données culturelles) ;
- deux partenariats structurants :
- Louvre-Lens Vallée (innovation culturelle en région),
- Institut Français (diffusion internationale, réseau francophone) ;
- des panels tests réguliers auprès de 400 familles toutes CSP confondues ;
- une empreinte carbone de moins en moins émettrice par récit généré ;
- un objectif de 50 000 histoires générées lors des 18 premiers mois de déploiement et 150 000 recommandations de livres vers les bibliothèques.
Des indicateurs qui témoignent d’une dynamique forte mêlant innovation, impact social et souveraineté culturelle.
Innover autrement : comment FABLA réinvente la lecture augmentée
Chez The Fairy, l’innovation telle qu’elle est publicisée aujourd’hui n’est pas un objectif en soi : c’est un moyen de rendre la culture et les connaissances plus accessibles. Innover en 2025, cela veut autant dire s’intéresser à l’informatique quantique qu’au low-tech.
Nous innovons sur trois axes :
1 – L’IA de transmission
FABLA s’appuiera progressivement sur une IA souveraine, de plus en plus propriétaire hébergée en Europe. Elle interprète déjà un dessin d’enfant tout en garantissant transparence, sobriété et respect du RGPD. Cette IA n’est pas là pour produire plus vite, mais pour renforcer le désir de lire, comprendre, imaginer
2 – L’interopérabilité culturelle
Nous développons un format ouvert de métadonnées destiné à connecter nos récits aux catalogues publics : data.bnf.fr, Gallica, Réseau Canopé, bibliothèques locales. C’est une innovation stratégique pour la découvrabilité francophone. Nous invitons tous les acteurs du livre, publics et privés à nous rejoindre pour valoriser leur travail d’auteurs, d’éditeurs, de médiateurs culturels.
3 – La sobriété numérique
Des serveurs à énergie verte ou basse consommation, des modèles légers, des bornes reconditionnées… Nous travaillons notre impact environnemental au même titre que notre impact social. L’un ne va pas sans l’autre.
Trois défis… et autant de victoires pour réinventer la médiation culturelle
Nous avons dû relever trois défis majeurs :
Interpréter correctement les dessins d’enfants
Un dessin d’enfant n’est jamais “standard”. Il déborde, mélange, simplifie… Nous avons développé un moteur IA spécialisé, entraîné sur des milliers de dessins d’enfants, capable d’interpréter symboles, émotions, contextes. Aujourd’hui, cette complexité est devenue notre force. Et il nous reste encore quelques idées à déployer pour renforcer cela.
Ne pas céder à l’hyper-automatisation
Beaucoup d’acteurs culturels se méfiaient de l’IA. Nous avons choisi une approche transparente, explicable : nous développons littéralement notre IA en réalisant des ateliers avec les enfants et surtout orientée vers les œuvres humaines. Résultat : FABLA est perçu comme un allié des bibliothèques et des auteurs, pas comme un concurrent.
Concilier innovation et sobriété
Développer un moteur IA bas carbone tout en garantissant qualité narrative demande un important travail d’optimisation. Grâce à une architecture modulaire et à des choix d’hébergement particuliers, nous sommes en passe de réussir à atteindre des performances conformes à nos objectifs environnementaux. Ce travail va fortement s’accélérer en 2026 et nous prévoyons d’aller rapidement un cran au-dessus en 2027/28 grâce à notre R&D maison.

Comment l’écosystème des Hauts-de-France accélère FABLA
La dynamique régionale est essentielle pour FABLA.
Le soutien de structures comme HDFID, et notamment l’écosystème incarné par Louvre-Lens Vallée, joue un rôle décisif.
Leurs apports se concentrent sur trois axes :
- Prototypage et innovation : accès à un fablab, accompagnement méthodologique, tests en situation réelle dans des collectivités et médiathèques régionales.
- Mise en relation territoriale : bibliothèques, écoles, acteurs publics, réseaux culturels…
- Financement public : en construction avec la région, l’agglomération Lens Liévin, la MEL et les quelques communes prêtes à innover avec nous. Les discussions commencent à peine donc n’hésitez pas à nous contacter.
Ce réseau partenarial nous permet aujourd’hui d’ambitionner une diffusion à la fois locale, nationale, puis francophone et internationale. En plus du français, l’application fonctionne déjà avec 4 des langues les plus parlées en France : anglais, arabe, espagnol et portugais.
Le réseau joue aussi son rôle de façon plus générale pour le studio The Fairy et son offre de services pour les acteurs culturels.
Où va FABLA ? Une vision ambitieuse pour les années à venir
Nous entrons dans une phase de structuration.
Notre ambition est triple :
Devenir un acteur de référence en technologie culturelle souveraine
D’ici trois ans, FABLA aura déployé :
- une application web et mobile gratuite pour les familles,
- des bornes interactives pour les bibliothèques,
- un moteur IA souverain totalement optimisé,
- un standard ouvert de découvrabilité pour les œuvres francophones.
Notre objectif est d’équiper progressivement les bibliothèques municipales, les écoles, les médiathèques départementales et les espaces du réseau culturel français à l’étranger.
Structurer une équipe pérenne
Aujourd’hui composée de 5 associés et d’expert·es partenaires, l’équipe évoluera vers :
- un pôle IA et souveraineté technologique renforcé ;
- un pôle design et pédagogie dédié à la lecture et à l’enfance ;
- un pôle diffusion pour accompagner les collectivités et les médiateurs.
Et continuer de rêver, les pieds sur Terre…
Nous avançons doucement mais sûrement depuis 3 ans grâce à notre investissement et à des clients qui viennent toquer à notre porte pour les accompagner dans leurs développements culturels et technologiques.
Cette année, nous avons épaulé d’autres entrepreneurs en IA et produit aussi quelques œuvres d’art à haute complexité technologique dont une projection interactive en espace public ou encore des installations robotiques. Nous sommes fiers de cette reconnaissance et de ce bouche à oreille : la meilleure des publicités.
Question 2100 : à quoi ressemble FABLA dans un siècle ?
En 2100, je nous imagine comme une pièce française d’un écosystème culturel et technologique mondial distribué dans un réseau planétaire de médiation culturelle où chaque enfant, où qu’il soit, peut transformer son imaginaire en passerelle vers la littérature et la culture de son territoire ou d’ailleurs.
L’entreprise ne serait plus un “studio”, mais une fondation culturelle vivante, présente dans les écoles, les bibliothèques, les musées, les espaces publics.
La technologie serait invisible : les récits émergeraient naturellement de la créativité des enfants, s’entremêlant aux bibliothèques physiques et numériques locales.
FABLA deviendrait une fabrique universelle de transmission culturelle, où l’IA joue le rôle de médiateur bienveillant, de passeur, de guide, jamais d’auteur invisible. Un lieu où les cultures du monde se rencontrent, se racontent et se lisent. Et où chaque enfant porte en lui une bibliothèque qui s’ouvre à partir d’un simple dessin.
Avec Fabla, Filipe Vilas-Boas démontre à quel point le numérique peut devenir un formidable levier d’inclusion, de créativité et de transmission, en particulier auprès des plus jeunes.
Son accueil en résidence à Louvre-Lens Vallée illustre la volonté de notre territoire de soutenir des projets qui conjuguent innovation, culture et éducation. C’est précisément cette capacité à relier technologie, art, inclusion et impact social que nous souhaitons accompagner en Hauts de France, à travers l’Ambition Régionale « culture et création » (Culture / Création – Hauts-de-France Entreprises) qui fédère et structure la filière ICC, forte d’acteurs tels que Louvre Lens Vallée, Pictanovo, Euracreative, Rives Créatives…
Le travail de Filipe Vilas-Boas, artiste entrepreneur inclassable, protéiforme, dont l’oeuvre est résolument impactante, trouve une résonance et un rayonnement au niveau européen, et notamment au Portugal, à travers la Lusotech Community.
une innovation qui ne se limite pas à la technologie, mais qui interroge nos usages, nos responsabilités et notre rapport au monde. À la croisée de l’art, du numérique et de l’engagement humain, son approche incarne une innovation inclusive, sensible, critique et profondément ancrée dans les enjeux sociétaux actuels et futurs.
Nuno Afonso, chargé de projets territorial et référent Ambition Culture-Création Région Hauts de France