Recherche d’associés :
les 5 erreurs à éviter
(si tu veux garder tes cheveux et ton projet)
S’associer en affaires, c’est comme embarquer pour une transatlantique.
Arriver plutôt à New-York ou à Rio de Janeiro ? Battre le record du monde ou profiter du paysage ?
Définir un cap commun et être alignés sur les objectifs est indispensable avant même d’envisager larguer les amarres.
Et ce n’est qu’une première étape pour baliser le parcours !
À la sortie du port, l’océan miroite comme une promesse, le vent gonfle les voiles avec une générosité presque indécente, et hisser ensemble le pavillon a quelque chose de grisant, comme un frisson collectif avant l’aventure. Mais une mauvaise répartition des rôles, un équipage mal choisi ou un cap flou… Et tu peux vite te retrouver sur un radeau à moitié troué, façon Méduse, en train de te demander pourquoi tu as largué les amarres avec cet équipage.
Voici les 5 écueils les plus fréquents – à éviter absolument si tu veux arriver à bon port.
1. Ne pas tester son équipage avant de lever l’ancre
Monter un projet avec quelqu’un que tu n’as jamais vu ramer sous la tempête, c’est un peu comme embarquer un matelot rencontré hier au café de la Marine.
Testez-vous avant : un side project, un week-end hackathon, une petite traversée côtière. Mieux vaut découvrir que votre futur “capitaine” a le mal de mer avant de vous lancer dans l’Atlantique.
Selon Alexandre GHESQUIÈRE, avocat associé du cabinet Bignon Lebray, « C’est en effet avant tout une histoire humaine. Il est nécessaire de valider la bonne entente et la complémentarité des associés. La discussion des thèmes à aborder dans le cadre des statuts et du pacte d’associés (activité de la société, gouvernance, véto, exclusivité, non-concurrence, etc.) sont des sujets qui permettront également de s’assurer d’un bon alignement. »
2. Naviguer sans carte ni journal de bord
L’enthousiasme ne remplace pas les règles.
Sans pacte d’associés clair, vous risquez de vous disputer pour savoir qui tient le gouvernail. Écrivez noir sur blanc qui fait quoi, comment se prennent les décisions, et surtout : comment on gère si la houle devient forte.
Car ce n’est pas une fois en pleine tempête que l’on établit un plan de repli !
Photo ci-contre : Alexandre Ghesquière (à gauche) lors d’une édition de Partners&Connect
Alexandre GHESQUIÈRE : « De nombreux sujets sont à arbitrer au début de l’aventure comme évoqué ci-dessus. Chacun doit connaitre son rôle et savoir comment contribuer à la réalisation de l’objectif d’autant que les objectifs évolueront forcément avec le temps (évolution du marché, de la concurrence, pivotPivot : Changement stratégique important dans le modèle d'affaires, le produit ou le marché cible d'une start-up pour mieux répondre aux opportunités du marché., etc.). La documentation juridique (statuts et pacte) doit être bien rédigé afin de fixer un cadre tout en prévoyant une souplesse pour tenir compte de ces évolutions. »
3. Répartir les parts à l’ego plutôt qu’à la manœuvre
50/50 parce que “c’est plus simple” ?
C’est comme donner le même poids au mousse et au skipper.
Les parts doivent refléter la contribution réelle : qui apporte le bateau, qui manie les voiles, qui connaît la route. Sinon, c’est mutinerie assurée.
A. GHESQUIÈRE : « La répartition du capital est souvent un sujet complexe car il peut être composé d’apports de cash et d’apports en nature. Se pose également souvent la question de la valorisation de l’idée ou du concept. Tous ces sujets doivent être mis sur la table dans la composition du capital afin d’éviter les frustrations futures (et il existe des mécanismes juridiques pour qu’un 50/50 fonctionne bien si cela reflète la réalité). La répartition du capital doit être discutée en fonction de l’apport de chacun et de son implication, d’autant qu’il existe des outils de rééquilibrage à terme (actionnariat salarié en cas d’atteintes de performance par exemple). »
4. Oublier de prévoir
la sortie au port
Tout équipage doit penser au retour avant même de quitter la jetée. Si l’un veut débarquer à mi-parcours et que rien n’est prévu, vous finirez à la dérive.
La clause de sortie, c’est votre canot de sauvetage : mieux vaut l’avoir et ne jamais s’en servir que l’inverse.
A. GHESQUIÈRE : « la conclusion d’une documentation juridique de qualité est primordiale. L’entrée au capital, les cas de sortie, que se passe-t-il si un associé n’est plus opérationnel, etc. tous ces sujets doivent être adressés. Et cela permet souvent de clarifier de nombreux sujets et s’assurer que les fondateurs sont alignés. »
5. Confondre camaraderie de taverne et discipline de bord
Ton meilleur ami fait peut-être un super compagnon de goguette, mais pas forcément un partenaire de navigation. Associer amitié et business sans garde-fous, c’est prendre le risque de voir le vent tourner et la relation chavirer.
Sur un bateau, on choisit ses marins pour leurs compétences, pas seulement pour leur bonne humeur au troquet des quais.
A. GHESQUIÈRE : « Les compétences sont évidemment un prérequis mais pas ce n’est pas le seul… Le projet doit également mettre en lumière une bonne entente et un alignement sur le projet. »
BONUS : éviter le miroir aux alouettes
S’associer avec son double parfait, c’est séduisant : on se comprend d’un clin d’œil.
Mais deux capitaines identiques sur le même navire, c’est Titanic assuré.
Ce qu’il faut, c’est de la complémentarité : un qui tient la barre, un qui règle les voiles, un qui lit les étoiles.
En résumé : choisis bien ton équipage, trace la carte avant de lever l’ancre, répartis les rôles sans flatter l’ego, prévois les gilets de sauvetage et n’oublie pas que l’amitié est un rhum délicieux… mais qui ne remplace pas une bonne boussole.
Naviguer à plusieurs, c’est accepter que la traversée soit parfois rude, mais c’est aussi la seule façon d’espérer voir un jour l’autre rive sans finir chauve, cramé par le soleil, et en train de mâcher tes illusions pour survivre.
« Les belles réussites d’équipe sont toujours la résultante de personnalités différentes, et donc de complémentarité et de désaccords. La documentation juridique doit organiser des forums de discussion et de décision formelles et informelles (reporting, comité stratégique, etc.) pour mettre un cadre à ces échanges. »
Alexandre GHESQUIÈRE
Avocat associé, cabinet Bignon Lebray
Vous acompagner dans votre recherche d’associé
Photo ci-contre : la soirée Partners&Connect de novembre 2024 qui s’est tenue au JOST de Lille, animée par José FREITAS
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Depuis 2021, Eurasanté et Clubster NSL en partenariat avec HDFID organisent « Partners&Connect », un programme qui a pour ambition de faciliter la rencontre entre des porteurs de projets à fort potentiel innovant en recherche d’associé, et des entrepreneurs à fort potentiel d’engagement en recherche de projets. Deux fois par an, un événement de présentation de projets et de rencontres est organisé dans l’objectif de contribuer à créer le match parfait.
Article co-réalisé par David Coasne | Chargé de projets création d’entreprise et innovation
& Mélodie ILLÈS | Chargée de communication 360°
HDFID